79. ENCYCLOPÉDIE : MANTE RELIGIEUSE
Parmi les expériences qui prouvent que l’observateur modifie ce qu’il observe, au point de truquer complètement l’information, signalons le cas de la mante religieuse. On a toujours cru que la mante religieuse dévorait son compagnon après l’acte sexuel. Ce cannibalisme sexuel a alimenté les fantasmes des savants et du coup toute une mythologie scientifique puis psychanalytique.
Pourtant, il y a là une erreur d’interprétation. Car si la mante religieuse mange son compagnon, c’est qu’elle n’est pas dans des conditions naturelles. Après l’acte, elle a très faim et elle dévore tout ce qui est comestible autour d’elle. Dans la petite cage de verre d’observation, le mâle est coincé. La femelle, ayant besoin de récupérer des protéines après la fatigue de l’acte sexuel, prend ce qu’elle trouve. Le mâle, plus petit et incapable de fuir au-delà de la prison des murs de verre de l’aquarium, s’avère le seul gibier accessible. Elle le déguste donc sans même y penser. Dans la nature, l’acte accompli, le mâle se dégage, et la femelle mante se nourrit de n’importe quel autre insecte qui traîne à sa portée.
Quant au mâle, sauvé par sa fuite, il va se reposer, le plus loin possible de son ex-conquête pour être tranquille. Le fait d’avoir faim après l’acte sexuel pour la femelle et d’avoir envie de dormir pour le mâle sont des points communs à beaucoup d’espèces animales.
Edmond Wells,
Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu, Tome V.